Comment Godric apprit qu'il était sorcier




ÉPISODE #01 : Comment Godric apprit qu’il était sorcier.

 

8h51.

La cloche sonne chez les Beef. Cri suraïgu de la mère qui hurle depuis le grenier : « Diiiiiiiiiiiiiiiick ! Va vite ouvrir ! Je suis occupée ! ». Ledit Dick, son mari, répond qu’il est au téléphone. S’ensuit une conversation sans queue ni tête opposant la mère nerveuse et le père nonchalant. Pendant ce temps-là, la cloche sonne toujours, réveillant ainsi le jeune Godric, âgé de 10 ans. Godric n’aime pas son grand-père. On comprend pourquoi avec la suite de l’histoire.

 

8h52.

La porte a finalement été ouverte par le chat qui, troublé dans son sommeil par ce remue-ménage, a sauté sur la poignée, a mis un coup de patte dans la porte et a levé sa queue, tandis que la porte s’ouvrait comme par magie. Plus tard, le père lui criera dessus en découvrant les marques de griffures sur la porte. Mais pour l’heure, le grand-père, peu surpris par l’accueil assez calme et sans éclat qu’on lui a réservé, pénètre dans la maison. Le père replie son journal, le pose sur la table du salon, se lève de son fauteuil et va saluer le vieil homme.

Le grand-père est un homme corpulent, tout petit, habillé d’une robe bleue. Sa calvitie est presque compensée par la longueur de sa barbe grise, synonyme de vieillesse. Son âge ? Plus ou moins 173 ans. Il tient à la main une toute petite valise et une coupure de journal animée. « Poudlard12 : fin des inscriptions ce samedi 10 juin ».

 

9h13.

Flora, la mère, a fini de plier le linge à coups de sortilèges médiocrement réussis et elle est descendue saluer son père. Tandis que Godric se lave, ils se mettent à parler à voix basse.

« Alors ? Toujours rien ?

— Non, rien du tout. Aucun signe.

— Il s’est brûlé avec son chocolat chaud et s’est cassé un orteil en faisant tomber une bavboule. Il n’y a rien à en tirer. »

Le grand-père, la mère et le père se regarde avec un air désolé, mais avec un semblant d’espoir cependant.

Il parle bien évidemment du petit Godric qui, pourtant élevé dans une famille où tout le monde a été sorcier, ne semble montrer aucun signe qui prouverait qu’il est, lui aussi, un sorcier.

C’est la raison de la venue du grand-père.

 

9h20.

Godric a terminé sa douche. Il saisit sa serviette et commence à se sécher. Il s’approche de la  porte qui s’ouvre soudainement toute seule. Un peu intrigué, mais habitué aux phénomènes paranormaux dans cette famille de sorcier, il va la fermer. Quand, soudainement, son grand-père entre dans la salle de bain et pousse un hurlement inhumain à faire faire un arrêt cardiaque. C’est d’ailleurs ce qui manque de se passer puisque Godric tombe à la renverse, tout tremblant, après avoir étouffé un cri. Sous la puissance du cri, le plafond commence à se fissurer.

« Reparo ! », lance le grand-père désabusé.

 

 

 

 

9h46.

Godric finit d’avaler son bol de de Skenocrac au romarin et boit son verre de jus de citrouille en faisant une énorme grimace. Il n’aime pas le jus de citrouille, au grand dam de ses parents. Pire encore : il réclame du jus d’orange Moldu.

« Il te reste du jus de citrouille », fait observer le grand-père avec un air mesquin.

Godric porte le verre à ses lèvres tandis que le grand-père murmure quelques mots dans sa longue barbe grisâtre.

Le jus orangé pénêtre alors les narines de notre héros qui se met à tousser nerveusement, il suffoque, il n’arrive plus à respirer.

La mère qui, jusque là, observait la scène avec un grand sourire, se lève de son fauteuil et commence à s’inquiéter pendant que Godric continue à faire de grands gestes. Le grand-père reste impassible, certain que quelque chose va se produire.

« Anapneo ! ».

C’est Dick, le père, qui vient de lancer le sortilège, tandis que le grand-père soupire et que Flora va prendre son fils dans ses bras.

S’ensuit une discussion assez mouvementée entre les trois adultes.

 

10h39.

La famille Beef part en promenade. Les virages se succèdent, les rues s’entremêlent et ce qui devait arriver arrive : Godric perd sa famille de vue. Ils ne sont pas dans la rue à gauche, ni dans la rue à droite. Ils ne sont pas derrière. Il a du être distrait pas un arbre aux feuilles violettes, et le voilà seul. La panique monte. Il emprunte une rue au hasard, puis une autre, et encore une autre. Elles se ressemblent toutes. Il a l’impression d’être piégé, une boule lui monte doucement dans la gorge. Les rues s’enchaînent, les unes après les autres, si bien qu’il cherche pendant une heure. À 11 heures et 39 minutes, ils apparaissent au coin de la rue. Ils sont tous les trois là : la mère, le père et le grand-père. Ils le regardent en souriant.

« On rentre ? »

 

12h00.

Le repas commence à être préparé. Une odeur alléchante envahit la cuisine et les narines de Godric. Son ventre commence à gargouiller. Ce midi au menu : sharak au curry avec sauce de tentacula et groseilles confites. Godric dévore les sharaks des yeux. Sans leurs épines et cuisinés par sa mère, ils seront délicieux.

 

12h47.

Godric entre dans la cuisine, jeter un œil sur ce que prépare sa mère. Il a tellement faim qu’il a presque envie de vomir. Il aurait bien envie de prendre une groseille dans le bol mis en évidence sur le comptoir. Après tout ce qu’ils lui ont infligé, ce matin, il a bien le droit. Il s’approche du meuble et…

« Godric ? Va enlever le linge du fil, dans le grenier. Et après, j’aimerais que tu le plies et que tu le ranges dans les étagères où il doit être rangés, s’il te plaît ! »

 

12h49.

Bouillonnant de rage, Godric se retient de ne pas arracher le linge qui pend au fil. Il doit délicatement enlever les épingles qui, perchées plus hautes que lui, l’obligent à lever la tête de lui donnent un atroce mal de cou. Ajoutez à ceci sa faim dévorante et vous comprendrez sa souffrance.

 

13h08.

Le linge est décroché, le pliage peut commencer. Une odeur de sucre emplit les narines de Godric, qui n’en peut plus et commence à tourner de l’œil à cause de la faim. Le grand-père suit la scène avec attention, caché dans une chaussette ensorcelée que Godric s’apprête à plier.

« C’est quand qu’on mange ? » crie le jeune homme à sa mère pour la dixième fois.

« Bientôt, mon chéri » répond la mère pour la dixième fois.

C’est pas possible, ça. Pourquoi, quand son grand-père est là, tout le monde lui en veut ! Tout le monde lui mène une vie infernale. Heureusement que le vieil homme n’est là que le temps d’un week-end.

 

14h02.

N’y tenant plus, la mère annonce qu’il est l’heure de manger sous les yeux du grand-père blasé.

« Sang de morue plongée dans un bassin de Scrout ! Tu iras à Poudlard12, jeune homme ! Que tu le veuilles ou non ! » crie l’ancêtre intérieurement pendant le repas silencieux. L’ambiance est lourde. Le père est de mauvaise humeur quand il a faim et qu’on a repoussé l’heure de son déjeuner, avec ou sans sortilège de subsistance. Du coup, il en veut à son beau-père. Le vieux bougon s’est mis à jurer en continu, en intériorisant un maximum ses pensées. Parfois quelques mots comme « scrout » ou « sansue » s’échappent et vont jusqu’aux oreilles de Godric qui n’y prête même pas attention. La nourriture, c’est sacré ! Plus tard, il voudrait tenir un restaurant, d’ailleurs. Quand il l’avait annoncé à son grand-père, ce dernier s’était braqué. Puis il avait eu une grande discussion assez houleuse avec le père de Godric tandis que la mère pleurait. La mère, parlons-en, culpabilise d’avoir fait souffrir son fils. Elle en veut à son père d’avoir manigancé un tel plan. Bref, l’ambiance est lourde à table.

 

14h21.

Le repas s’est terminé assez rapidement. Le colérique aïeul s’est installé dans un fauteuil, contemplant sa coupure de journal. « Poudlard12 : fin des inscriptions ce samedi 10 juin ». L’envie lui prend de cracher dessus. Mais au lieu de violenter son journal, il monte jusqu'à la chambre de son petit fils, saisit le petit garçon avec ses deux énormes mains, ouvre la fenêtre, et le jette le plus loin possible, tandis que le pauvre jeune homme hurle.


Marcel Léon est un vieux Moldu aigri d'une cinquantaine d'années. Genre de personne que plus rien n'étonne à part peut-être le manque de curiosité des jeunes de son époque. De son temps, ce n'était pas comme ça. C'est ce qu'il répète sans cesse. Tout l'énerve. La météo jamais favorable, la voix de la présentatrice du JT, la température des pâtes et le brouhaha des voitures qui passent dans la rue, et ses voisins extrêmement bruyants. D'ailleurs, à propos de ses voisins... Pas plus tard qu'hier, il a vu un pauvre gamin se faire jeter par la fenêtre de la maison des voisins ! Mais ce n'est pas le plus incroyable : le garçon s'est ensuite écrasé lamentablement par terre, sans la moindre égratignure ! Rien ! Il n'avait même pas l'air d'avoir mal. Il est rentré tranquillement chez lui... Marcel Léon, témoin de la scène, a bien entendu raconté cette drôle d'histoire à tout son quartier, et depuis la rumeur se propage en ville. Certains disent même que des sorciers habiteraient quelque part.

14h50.

« Mais... Diiiick ? Il faut absolument prévenir le ministère !! »

Le père regarde sa montre. 14 heures 50. Les inscriptions seront closes à 15 heures ! Il sort un parchemin, y griffonne quelques mots, donne son bout de papier à son hibou qui s'envole, le plus rapidement qu'il peut, vers le ministère de la magie.

C'est ainsi que Godric apprit qu'il était sorcier.

La suite... au prochain épisode.


Par Will, illustré par Arianne.